Pardon et Croyance

J'aborde aujourd'hui un sujet un peu complexe : le pardon.

Depuis très longtemps, je suis certaine que le pardon n'a aucun besoin d'exister. 

En effet, pour pardonner il faut avoir été coupable. Quand nous commettons une "faute", nous ne le faisons pas intentionnellement, nous le faisons avec notre niveau de conscience du moment. Comment s'en vouloir, ou en vouloir à quelqu'un d'avoir fait un acte inconscient ? C'est comme si on nous punissait d'avoir fait cette nuit tel ou tel autre rêve, cela n'a pas de sens !

Je maintiens cette idée que le pardon n'a pas de sens si on se place au niveau du coeur sacré... Cependant, je me radoucis un peu aujourd'hui (!) et je reconnais que le pardon peut avoir un sens si on parle à partir d'un espace de dualité.

Je ne parlerai que du pardon à soi-même, car il n'y a aucune différence entre l'autre et soi-même. Si je pardonne à l'autre et pas à moi-même, je n'ai procédé qu'à une vague excuse, mais pas à un pardon véritable qui nous renvoie toujours à nous-mêmes. Si par-don il y a, c'est un don total, une rémission totale. C'est la même étymologie que le "forgive" anglais, "pour donner", "dans l'intention pure, totale et parfaite du don, de faire table rase, de revenir à l'état initial, au point zéro". 

Le pardon m'apparait alors comme un "outil de conscience".

Les religions

Essayons tout d'abord de voir comment les religions nous ont réduits à néant et pourquoi elles ont instauré le pardon.

Une des dernières phases de l'accouchement s'appelle "l'expulsion". Regarde bien la violence de ce mot... Expulser, c'est chasser d'un lieu, bannir quelqu'un. 

Quand tu sors du ventre de ta mère, tu es chassé de ton lieu de vie où tu étais dans un cocon, en sécurité, en unité avec la source de ta vie. C'est la séparation. Qu'as-tu fait de mal pour être ainsi chassé ? Rien. C'est juste un procédé naturel. Qu'as-tu fait de mal pour être "chassé du paradis", pour être séparé du Un ? Rien. C'est un procédé naturel. 

Tu dois vivre un certain nombre d'années ainsi, avec le sentiment d'être séparé de ton origine, et pour te réunifier, les religions te disent qu'il y a la mort. Là tu vas de nouveau connaitre la douceur de la lumière, mais attention, la mort est ta porte de sortie mais tu n'as pas le droit de la provoquer, ni même de la souhaiter ! Regarde comment l'étau s'est bien refermé sur toi, comment les religions t'ont condamné à être indéfiniment le hamster dans sa roue du karma...

Ils ont réussi à te faire croire que l'incarnation est mauvaise, que tu es totalement impuissant durant toute ton incarnation, que ton corps va t'en faire baver toute ta vie, que tu es coupable de t'être laissé prendre au piège de l'incarnation et donc que tu dois passer ta vie à te confesser pour demander pardon, pour supplier qu'on t'accorde le pardon et enfin à pardonner aux autres comme tu as été toi-même pardonné... Super programme d'auto-flagellation en boucle !

La réalité

La réalité est tout autre... Oui, tu as profondément enraciné en toi ce sentiment de séparation. Mais ce qu'ils t'ont caché, c'est que tu peux à chaque instant revenir à l'Unité, et que le but de l'incarnation est justement de vivre cette Unité dans ce corps. Et dès que tu vivras cette Unité dans chacune de tes cellules, la mort n'aura plus alors aucune raison d'être... simplissime, n'est-ce pas ?

Pardon et croyance

Vois comme le pardon a été utilisé comme un outil de chantage, de soumission, de maintien en esclavage, et vois comme il pourrait être un outil de conscience, de libération, et d'affirmation de ta souveraineté...

Reviens dans ton coeur au moment de ta naissance et ressens cette sensation de séparation. Ressens-là intensément. Transpose ce ressenti au niveau de ta séparation avec le Tout. L'immense tristesse, le déchirement, l'isolement, la sensation de te perdre toi-même, la petitesse, et la première sensation de peur...

Pardonne-toi cette sensation de séparation primordiale.

Ce n'était pas une punition ! C'était un acte d'amour !

La décision de séparation apparente et d'incarnation, la force de se détacher de la Source, de prendre un corps, et de faire vivre la Source à travers ce corps est un acte de courage et d'amour suprême envers le Tout qui a permis et permet à chaque instant l'expansion du Tout.

Ce n'est pas la séparation qui est à pardonner,

c'est la croyance en la séparation... 

Chaque acte que tu pourrais croire répréhensible dans ta vie ensuite, que tu sois enfant, adolescent ou adulte, chacun de tes actes découle de cette croyance en la séparation. Mais la séparation n'est pas réelle puisque tu ne peux pas te séparer de la Source, jamais ! Comment se séparer d'un Tout qui est Tout ? Quoi que tu fasses, tu en fais toujours partie ! Comment la goutte d'eau peut-elle se séparer de l'océan ? Comment le grain de sable peut-il se séparer du fond marin ?

Donc la croyance dans la séparation est fausse (comme toutes les croyances !), et par conséquent tous les actes qui en découlent sont faux... Tu es donc amené à te pardonner pour des erreurs que tu n'as jamais commises, mais que tu crois avoir commises. Que tu aies 20, 40 ou 120 ans, la seule chose à pardonner est donc la croyance dans la séparation qui a entrainé la peur. Croyance que tu as fait du mal aux autres, peur des autres qui t'as conduit à les juger, croyance que tu étais un individu pensant et agissant alors que tu étais pensé et agi, peur de l'échec, etc... etc...

Essaie de revoir ton enfance, ton adolescence, ta vie d'adulte... constate comme tout ce que tu crois devoir pardonner est lié à cette croyance de séparation et à sa copine la peur. 

Alors oui, pardonne-toi ! Pardonne-toi d'avoir cru ! Et ensuite lâche une bonne fois pour toutes cette croyance. Il n'y a jamais eu de séparation. Ton jardin d'Eden est dans chacune de tes cellules. Une fois que tu as vraiment lâché une croyance, c'est fini, elle ne revient jamais. Tu es libre. 

Je t'invite quand même à faire le tour de toute ta vie, de tous les petits détails qui restent en mémoire et qui viennent te titiller parfois. A chaque fois, observe le lien avec la peur de la séparation. Si tu trouves un détail qui n'est pas en lien avec cette peur de la séparation, dis-le moi vite dans les commentaires, ça m'intéresse !

Dès qu'une croyance s'en va, la peur et le pardon qui l'accompagnent peuvent partir aussi. Le travail peut durer toute la vie ou ne prendre qu'un court instant, à toi de choisir...  

Nous n'avons pas à retourner vers le Un parce que nous ne l'avons jamais quitté. Nous avons simplement cru que nous l'avions quitté.

Nous sommes déjà à la Maison. 

Namaste